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Festival Alimenterre 2022 : un débat riche sur le glyphosate
lundi 21 novembre 2022
Après la projection du film "La Beauce, le glyphosate et moi" d’Isabelle Vayron, des éléments de débat ont été apportés par Mme Adeline Chastrusse de la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire.
Le glyphosate en pays de Loire, c’est 560 tonnes/an, environ 7 % du glyphosate utilisé en France. Un certain temps en diminution, la consommation augmente à nouveau, peut-être à cause du développement de « l’agriculture de conservation » (culture sans labour), à l’augmentation de la surface en céréales (baisse de l’élevage).
Si la consommation d’herbicides est en hausse, celle des autres pesticides très toxiques (CMR pour Cancérigène, Mutagène, Reprotoxique) diminue mais est remplacée par des pesticides (fongicides, insecticides) moins efficaces donc on en utilise plus, d’où l’augmentation de la consommation globale de pesticides, loin des objectifs du programme Écophyto 2009 qui demandait la réduction de 50 % de leur utilisation dans les 10 ans ! Devant ce premier échec, en 2014 est né le plan Ecophyto2 avec le même objectif pour 2025… et les mêmes résultats !
Qu’est-ce qu’un champ « propre » ?
Réduire ses pesticides ne va pas de soi dans la culture du toujours plus de rendement, donc cela demande d’accompagner les agriculteurs, ce sont les programmes"Déphy", "Alt’R’Glypho"… mais ces accompagnements ne concernent que 10 % des agriculteurs des Pays de Loire !
Réduire ses pesticides demande de revoir ses assolements, augmenter le nombre de cultures et mettre en place des cultures pas forcément rentables, des protéines par exemple. mais là l’agriculteur français est concurrencé par l’agro-manager brésilien ou canadien, argentin qui cultive du soja OGM tolérant au glyphosate sur des milliers d’hectares, parfois avec 2 cultures annuelles et qui exporte en Europe exempté de droits de douane (accord OMC)
Maximiser le rendement ne veut pas dire maximiser la marge, le revenu.
Dans ce contexte, le rôle du consommateur est d’aller vers le bio, diminuer sa part de viande, celle produite avec du soja OGM importé, pas celle produite avec de l’herbe. Car l’association culture-élevage est vertueuse en termes de diminution de pesticides donc de qualité de l’alimentation et de l’eau. exemple de la laiterie BEL qui aide ses producteurs de lait à ne pas utiliser de soja OGM, donc à être autonome sur le plan protéine, comme la ville de Cholet avec le lac de Ribou et les conventions signées avec les éleveurs alentours.
Il ne faut pas rendre responsable le consommateur s’il ne choisit pas toujours les produits "vertueux". Dans le cas de l’industrie de la chaussure délocalisée, où est le choix du consommateur ou du travailleur ?
Mais la consommation en bio est en baisse. Est-ce à cause du coût, du pouvoir d’achat en baisse ?
Mais si dans le prix au consommateur était introduit le surcoût de la dépollution des eaux, de l’augmentation des problèmes de santé, etc, le produit bio serait sans doute moins cher !
Il faudrait pratiquer le principe pollueur-payeur, non pas en faisant payer l’agriculteur mais le fabricant de pesticide.
Les aides européennes aux agriculteurs sont calculées au prorata du nombre d’ha (plus d’ha donnent plus d’aide sans plafonnement). Et en bio, il existe une aide à la conversion sur 5 ans, mais l’aide au maintien vient d’être supprimée et remplacée par un crédit d’impôt ! C’est donc une incitation à l’agrandissement des fermes au détriment de l’installation.
De grandes fermes donnent peu de travailleurs à la surface, c’est la machine, le pesticide, il faut aller vite… Si on veut réduire l’utilisation de pesticides, il faut plus de paysans dans les campagnes dans des fermes plus petites, ils prendront le temps de revoir l’agronomie et leur système d’exploitation, de retrouver du sens… mais cela demande de revoir les aides PAC.